Pendant un an, j’ai joué le jeu : abonnement mensuel, 50 % de commission sur chaque vente, livraison facturée par la plateforme. L’objectif ? Mesurer, chiffres à l’appui, si Singulart pouvait vraiment m’aider à vendre mes œuvres à l’international.
Le verdict tient en un mot : zéro.
Zéro vente en un an, malgré une présence sérieuse et des œuvres alignées avec le positionnement prix de la plateforme. Dans cet article, je te raconte exactement ce qui s’est passé, je compare avec mes propres ventes sur mon site, et je te partage un plan d’action concret si tu hésites à t’abonner à une plateforme.
Le contexte : pourquoi j’ai voulu tester Singulart
Depuis des années, je vends mes tableaux via mon propre écosystème (site, réseaux, emails). J’ai aussi testé plusieurs plateformes “art marketplace” — souvent décevantes : beaucoup d’artistes, peu d’acheteurs réellement qualifiés.
Singulart, très visible en marketing, semblait différent : positionnement, galerie en ligne, accompagnement, visibilité internationale. J’ai décidé d’y consacrer 1 an, pour avoir un vrai recul.
Le modèle économique : là où j’ai tiqué (très) tôt
1) 50 % de commission
Rien d’inédit : en galerie physique, 30 à 60 % de commission, c’est courant. Sur le papier, ça peut s’entendre si la valeur est réelle (sélection, mise en avant, vente, logistique…).
2) Un abonnement mensuel… en plus de la commission
Deuxième claque : 29 / 69 / 149 € par mois. J’ai choisi le plan 69 €, présenté comme “œuvres illimitées + soutien d’experts pour développer votre carrière”.

Problème de fond : si tu vends, ils gagnent (commission) ; si tu ne vends pas, tu paies quand même (abonnement). Le risque est déplacé sur l’artiste.
3) Livraison facturée par eux, mais gérée sans ta main
Les frais de livraison sont facturés par la plateforme (souvent plusieurs centaines d’€ sur des œuvres autour de 1 000 €), sans que tu aies la main. C’est leur réputation qui joue ? Très bien — mais ça renchérit le prix final et complexifie la vente.
Les promesses de visibilité : l’écart entre le pitch et la réalité
La communication met en avant “2 millions de visiteurs / mois” et 12 000 artistes. En croisant des estimations d’audience (type outils d’analyse de trafic), j’obtiens plutôt ~800 000 visites mensuelles. Ça reste gros… mais ce n’est pas le cœur du sujet. (Similar Web, SemRush and co).

Le vrai sujet : la qualité du trafic.
En auditant rapidement, j’observe que les pages qui attirent du monde sont surtout des articles “culture générale” (Picasso, Dalí, mouvements artistiques…). Beaucoup de curieux, peu d’acheteurs. C’est un trafic qui peut gonfler des chiffres, sans forcément convertir.

L’accompagnement promis… et ce que j’ai reçu
Sur un an, quasi aucun accompagnement concret. Peu ou pas d’emails pertinents. Et le “mail de trop” : on me demande de faire un lien (backlink) depuis mon site vers mon profil Singulart pour “booster la visibilité”.
En SEO, ce n’est pas gagnant-gagnant : ça booste surtout leur domaine. Et je paie déjà un abonnement + une commission potentielle — ce n’est pas à moi de fournir l’autorité SEO.

Les chiffres : Singulart vs mon site (même période)
- Singulart (avril 2024 → mai 2025) : 0 vente
- Mon site, même période : 79 tableaux vendus pour 26 786 € de CA
Tableau récapitulatif
| Canal | Abonnement | Commission | Frais de livraison | Ventes (période) | CA (période) |
|---|---|---|---|---|---|
| Singulart | 69 €/mois | 50 % | Facturés par la plateforme | 0 | 0 € |
| Mon site | 0–faible (hébergeur/outils) | 0 % | Au cas par cas, maîtrisés | 79 | 26 786 € |

Est-ce que c’est “parce que mes œuvres ne plaisent pas” ?
Possible… sauf que 79 ventes sur mon site, dans la même fenêtre, invalident clairement cette hypothèse.
Mon interprétation (et ce que ça révèle)
- Plateforme = vitrine concurrentielle : tu es une fiche parmi des milliers. Sans sélection forte + vraie mise en avant, tu restes invisible.
- Abonnement + commission : la plateforme gagne quoi qu’il arrive. Toi, tu assumes le risque.
- Trafic ≠ acheteurs : un gros volume ne dit rien de l’intention d’achat.
- Livraison coûteuse et opaque : ça freine l’achat et sape ta politique prix.
- Accompagnement faible : si le “soutien d’experts” se résume à demander un backlink, c’est insuffisant.
Alors… faut-il fuir toutes les plateformes ?
Pas forcément. Une plateforme peut aider si :
- elle sélectionne vraiment et met en avant (curation, éditorial, newsletter qualifiée) ;
- elle apporte des acheteurs (pas seulement du trafic “culture”) ;
- le coût total est aligné avec ta marge et ta stratégie prix ;
- tu reçois un accompagnement réel (feedback, exposition, relations collectionneurs).
Si ces cases ne sont pas cochées, tu risques de payer pour “espérer”.
Ce que je recommande à la place (plan d’action concret)
- Aie ton propre site (même simple). C’est ta vitrine, sans 12 000 concurrents autour.
- Contrôle tes prix, tes frais, ton discours. Ta marque grandit à chaque visite.
- Apprends un minimum de communication : réseaux, email, pages claires, storytelling d’artiste.
- Mesure : trafic, provenance, conversions, paniers abandonnés, retours clients.
- Teste, mais mesure le ROI : si tu t’abonnes, fixe-toi des objectifs chiffrés (ex : X mises en avant/mois, X leads chauds, X ventes à 90 jours). Sans signal, stoppe.
- Méfie-toi du “syndrome de l’objet brillant” : si on te promet la magie, mets la carte bleue au fond de la poche.
Message aux artistes
Ne laisse jamais une plateforme remettre en cause ton talent.
Si tu ne vends pas là-bas, ça ne veut pas dire “tu n’as pas de valeur” — ça veut dire “tu n’as pas (encore) trouvé ton public sur ce canal”. Continue, aligne ton travail et ta communication, crée ta propre chance.
FAQ
Singulart est-il “à éviter” ?
Je partage mon cas et mes chiffres. Certains auront peut-être de bons résultats. Mon bilan : coût élevé, accompagnement faible, aucune vente en 12 mois.
L’abonnement + la commission, c’est rédhibitoire ?
Pas si la valeur livrée est spectaculaire (sélection, ventes, réseau). Sinon, le risque est trop côté artiste.
Le trafic de la plateforme suffit-il ?
Non. Ce qui compte, c’est l’intention d’achat et la mise en avant réelle de tes œuvres.
Par quoi commencer si je n’ai pas de site ?
Un site simple (hébergeur + thème propre), une page “Acheter”, une page “À propos”, des photos nickel, un formulaire de contact, et un moyen de paiement. Puis communique régulièrement.
Conclusion
J’aurais adoré conclure cet article par “Singulart m’a ouvert l’international”. La réalité, c’est 0 vente, malgré un abonnement et un modèle pensé pour monétiser l’espoir des artistes.
À l’inverse, ma propre vitrine — imparfaite mais sincère, maîtrisée, construite dans le temps — a livré 79 ventes et 26 786 € sur la même période.
Moralité : bâtis ton écosystème. Teste, oui, mais mesure, et reprends vite la main si la promesse ne suit pas.


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